L’Europe sera-t-elle à la hauteur ?
Les politiques environnementales successives de l’Union européenne n’ont jusqu’à présent pas permis de lutter efficacement contre l’effondrement de la biodiversité, le réchauffement climatique, l’épuisement des ressources ou encore la pollution généralisée de nos milieux de vie. De plus, la crise de la Covid-19 vient nous rappeler notre vulnérabilité et la nécessité de changer radicalement nos modes de vie afin de préserver notre environnement et notre santé. Les défis à relever sont sans commune mesure.
C’est dans ce contexte que la Commission a publié le 14 octobre dernier, sa proposition de 8e programme d’action pour l’environnement (PAE). Cette dernière a fait l’objet d’une consultation publique à laquelle Générations Futures a pris part. Nous soutenons la volonté affichée d’atteindre les objectifs d’action en matière d’environnement et de climat inscrits dans le Pacte vert européen et nous réjouissons de voir figurer parmi les six objectifs thématiques prioritaires, la poursuite de l’ambition zéro pollution pour un environnement exempt de substances toxiques.
Car comme vient le rappeler le rapport de l’Agence européenne pour l’environnement « Healthy environment, healthy lives : how the environment influences health and weel-being in Europe », publié le 8 septembre 2020, une part importante de la charge de morbidité en Europe est le fait de la pollution environnementale d’origine humaine. Les problèmes de pollutions (atmosphérique et sonore), les conséquences du changement climatique (pics de chaleur ou de froid), ainsi que l’exposition à des produits chimiques dangereux, sont à l’origine de graves problèmes de santé. Selon ce rapport la mauvaise qualité des environnements contribue à 13% des décès et la première menace environnementale pour la santé en Europe est la pollution atmosphérique avec plus de 400.000 décès prématurés chaque année !
Nous insistons donc sur l’importance de protéger en priorité les personnes vulnérables comprenant les femmes enceintes et les femmes allaitantes, les enfants à naître, les nourrissons et les enfants, les personnes âgées et les travailleurs et habitants fortement exposés aux pesticides sur le long terme. Les riverains des zones à risques, exposés à des polluants chimiques (traitements, incinérations de déchets, etc.) doivent aussi faire l’objet d’une protection particulière. Il en est de même pour les populations les plus précaires – qui souvent subissent des expositions multiples -, la pauvreté allant souvent de pair avec le fait de vivre dans de mauvaises conditions environnementales et d’être en mauvaise santé.
Nous attendons que le 8e PAE offre un cadre stratégique ambitieux et contraignant pour permettre d’obtenir rapidement des résultats tangibles afin d’accélérer la transition de l’Union vers une économie propre et circulaire, neutre sur le plan climatique et préservant la santé humaine et l’environnement dans son ensemble.
Tout comme nos partenaires européens de l’Alliance pour la santé et l’environnement (Health and Environment Alliance – HEAL), dont Générations Futures est membre, nous demandons à la Commission que :
- les États membres de l’Union poursuivent les objectifs fixés dans le Pacte vert au-delà de 2024 et que ces actions se matérialisent dans la législation ;
- les priorités budgétaires annoncées soient alignées sur l’ambition « zéro pollution » pour un environnement exempt de substances toxiques ;
- soit effectué un suivi en temps réel, et en toute transparence, des données relatives aux impacts de l’environnement sur la santé.
Par ailleurs, nous avons communiqué à la Commission nos inquiétudes quant aux récentes attaques des législations en place, telle que celle sur les pesticides. Nous attendons également que l’Union européenne redouble de vigilance concernant certaines collaborations comme le partenariat de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) avec l’industrie du commerce, et s’implique pour faire interdire des pratiques de lobbying. A ce titre, la stratégie européenne durable sur les produits chimiques a fait l’objet de vifs débats pendant son élaboration au sein même de la Commission. Nous attendons aussi de la Commission qu’elle révise en profondeur et sans plus attendre ses méthodes d’approbation des substances actives utilisées dans les pesticides et qu’elle se saisisse du sujet de la présence de produits toxiques non déclarés sur les étiquettes de 14 pesticides telle que le révèle la dernière étude de Gilles-Eric Séralini et Gérald Jungers.