Le 13 octobre dernier, le journal Reporterre révélait que les enseignants avaient, pour la rentrée scolaire, reçu de la part de l’éducation nationale des masques traités à la zéolithe d’argent et la zéolithe d’argent et de cuivre. Ce traitement s’explique par la volonté d’augmenter la durée d’utilisation des masques, en leur procurant des propriétés biocides.
Or, comme le rappelle Reporterre, cette opération n’est très probablement pas sans danger. En effet, outre le phénomène possible de bioaccumulation de l’argent dans différents organes du corps humain, la zéolithe d’argent est «susceptible de nuire à la reproduction». Il est également «très toxique pour les organismes aquatiques, entraîne des effets néfastes à long terme» selon l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA).
Cela est d’autant plus préoccupant que le niveau d’exposition est important en raison de la durée du port du masque (environ 8 heures) et ce de manière répétée (au moins 5 jours sur 7). De la même manière, les particules d’argent rejetées dans l’environnement suite au lavage des masques représentent également un danger non négligeable.
Le plus aberrant est que la zéolithe d’argent et de cuivre n’est pas autorisée par l’Union européenne pour une utilisation comme biocide de type 2, c’est-à-dire « Désinfectants et produits algicides non destinés à l’application directe sur des êtres humains ou des animaux. [Ils sont] Utilisés [entre autres usages] pour être incorporés dans les textiles, les tissus, les masques, les peintures et d’autres articles ou matériaux, afin de produire des articles traités possédant des propriétés désinfectantes. »
Le chercheur en neurosciences de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) Yves Burnod déclarait notamment à Reporterre : « Pourquoi donner des masques avec des ions argent alors qu’il existe des masques sans danger ? C’est le principe de précaution : n’utilisons pas de produit potentiellement toxique même si c’est une dose infime. »
Depuis ces révélations, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a émis un avis. Dans celui-ci, l’Agence conclut que des effets locaux ne peuvent être exclus (ex. : inflammation). De même, en imaginant un scénario maximisant l’exposition (port de masques sans lavage préalable ou port d’un masque humide), il existe une incertitude vis-à-vis des risques potentiels. Par ailleurs, l’Anses souligne également que le traitement chimique des masques par des biocides n’est en aucun cas un prérequis pour se conformer aux exigences techniques demandées pour un masque de protection en tissu.
Cette situation met en évidence les précautions qu’il faut avoir à l’égard de l’utilisation des produits biocides. Ils sont évidemment un outil majeur de la lutte contre la propagation de la COVID-19, néanmoins, leur usage massif peut entraîner des dérives. Dans ce sens, Générations Futures avaient transmis un courrier en mai dernier aux ministères de la Transition écologique et solidaire, des Solidarités et de la Santé, et de l’Education nationale et du Travail. L’objectif était notamment d’obtenir des recommandations précises sur les consignes de précautions à l’égard de l’utilisation de désinfectants dans les lieux publics et plus particulièrement dans les établissements scolaires et le crèches. En effet, ces activités sont dans la grande majorité du temps gérées par un personnel non qualifié et elles concernent une population vulnérable, à savoir les enfants. Notre alerte est à ce jour restée sans réponse, mais une relance est en cours.