En juillet dernier, le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé les nouvelles estimations de l’impact des produits chimiques sur la santé publique mondiale lors du Forum de Berlin sur les produits chimiques et la durabilité.
Selon les nouvelles estimations, en 2019, 2 millions de personnes ont perdu la vie en raison de l’exposition à des produits chimiques. Ce chiffre est en constante augmentation par rapport aux années précédentes (1,6 million de vies perdues en 2016 et 1,3 millions en 2012).
Pour quantifier l’impact de l’exposition aux produits chimiques sur la santé de la population, une analyse systématique de la littérature a permis de compiler des estimations et de lister l’exposition aux produits chimiques et les liens entre chacun des produits étudiés et les maladies ou dommages sanitaires observés.
Près de la moitié des décès serait attribuable à l’exposition au plomb et aux maladies cardiovasculaires qui en résultent. Les maladies pulmonaires obstructives chroniques (MPOC) dues à l’exposition professionnel aux particules et les cancers dus à l’exposition professionnel aux agents cancérigènes sont également en cause. Les communautés pauvres et marginalisées sont souvent les plus touchées.
Néanmoins, ce chiffre serait largement sous-estimé car il repose sur l’exposition à une sélection restreinte de produits chimiques pour lesquels nous avons suffisamment de données. De plus, comme le rappelle le directeur de l’OMS, seule la moitié des pays du monde disposent de centres antipoison. L’exposition au plomb, au mercure, aux pesticides hautement dangereux, aux déchets électroniques, etc. continue d’être généralisée.
Les produits chimiques tels que les métaux lourds, les pesticides, les solvants, les peintures, les détergents, le kérosène, le monoxyde de carbone et les médicaments sont à l’origine d’empoisonnements involontaires à domicile ou sur le lieu de travail. En 2016, les empoisonnements involontaires seraient selon les estimations à l’origine de 193 000 décès par an, dont la majeure partie est due à des expositions évitables.
Le directeur de l’OMS préconise d’adopter une approche de la gestion des produits chimiques basée sur les droits afin de créer un avenir plus sain, plus sûr, plus durable et plus juste pour tous.
« Ce chiffre alarmant de 2 millions de morts par an, qui est largement sous-estimé, doit nous interroger sur l’exposition généralisée des populations aux polluants chimiques! La population mondiale subit de multiples expositions à la pollution de l’air, de l’eau, des sols, mais cette exposition varie selon les lieux, les modes de vie et les emplois pratiqués. Il est indéniable, comme en atteste cette étude, que les plus pauvres et les plus vulnérables sont les plus touchés et les premières victimes de la pollution chimiques. Le développement d’outil de diagnostic et la prise en compte de nombreuses autres substances toxiques, serait nécessaire afin d’avoir une idée plus proche de la réalité du nombre de victimes. Mais sans attendre, les produits chimiques les plus dangereux déjà identifiés et causant des milliers de victimes doivent être interdits d’utilisation et retirés définitivement du marché. Des sanctions doivent aussi être envisagée pour les industries qui commercialisent ces substances » déclare Fleur Gorre, chargée de mission chez Générations Futures.
Lisez le rapport de l’OMS sur l’impact des produits chimiques sur la santé de 2016