Plastique : inverser la tendance

Rapport de HEAL sur les substances chimiques dangereuses contenues dans les plastiques

Ce nouveau rapport de Heal (l’Alliance pour la santé et l’environnement – Health and Environment Alliance)sur la pollution engendrée par les plastiques explore un terrain encore trop peu connu : celui des effets sur notre santé des substances chimiques de synthèse contenues dans les plastiques.

Les plastiques sont omniprésents dans notre vie quotidienne, dans l’air que nous respirons, dans l’eau que nous buvons, dans les aliments que nous ingérons. On les retrouve aussi dans les cosmétiques, les médicaments, les textiles et bon nombre d’objets du quotidien. Selon l’industrie des plastiques, la production mondiale de plastiques a atteint 350 millions de tonnes en 2017. D’après les projections actuelles, ce chiffre devrait doubler au cours des 20 prochaines années!

Les plastiques contiennent un mélange de résidus de monomères, de catalyseurs et d’additifs. Ces derniers ne sont généralement pas liés au plastique et peuvent poser des problèmes pour la santé. Des métaux lourds, des retardateurs de flammes, des phtalates, des bisphénols et des composés fluorés se retrouvent dans les plastiques. Ces familles de substances chimiques sont connues pour les dangerosité et certains sont même des perturbateurs endocriniens (PE) avérés.

Ce récent rapport explore les problèmes de santé associés aux plastiques tout au long du cycle de vie, ainsi que l’important défi posé par l’économie circulaire et le recyclage de plastiques contenant des additifs dangereux. Il met aussi en évidence la nécessité d’adopter une définition au sens large des matières plastiques permettant de considérer l’ampleur de la contamination et le problème généralisé des microplastiques. Il recommande de renforcer de toute urgence la réglementation européenne sur les substances chimiques afin de réduire les effets toxiques des plastiques sur la santé et sur l’environnement. Enfin, il offre des solutions aux décideurs politiques pour lutter contre la pollution plastique et protéger la santé.

Focus sur les microplastiques et sur les impacts du cycle de vie des plastiques sur la santé

Les microplastiques se forment lorsque les plastiques se décomposent dans l’environnement. Ces derniers s’accumulent dans les organismes des animaux (poissons et invertébrés aquatiques) et entrent dans notre chaine alimentaire. L’alimentation constitue ainsi l’une des principales sources de contamination. Même s’il nous vient facilement à l’esprit les microbilles de plastique ingérées lorsque l’on consomme du poisson ou des fruits de mer, n’oublions pas la contamination de l’eau que nous buvons au quotidien, ainsi que celle de nos aliments par les emballages alimentaires, les ustensiles de cuisine, les planches à découper en plastiques, les contenants en plastique servant à manipuler, conserver, conditionner les aliments.

Le rapport nous rappelle que :

  • Les microplastiques constituent « une menace potentielle majeure pour les écosystèmes aquatiques mondiaux » à une échelle pratiquement inimaginable ;
  • selon des chercheurs de l’Université de Newcastle, en Australie, un être humain peut ingérer jusqu’à 5 grammes de microplastiques chaque semaine, l’équivalent d’une carte de crédit ;
  • en 2013, les scientifiques estimaient que déjà plus de 5 milliards de particules de plastique flottaient dans nos océans, la plupart étant des microplastiques ;
  • une enquête de 2018 sur l’eau potable embouteillée, analysant plus de 250 échantillons provenant de 9 pays, a révélé que 90% des échantillons étaient contaminés par des plastiques.

Plus généralement, les plastiques présentent un danger tout au long de leur cycle de vie, de la production, à l’utilisation, au recyclage. A chacun de ces stades, des microplastiques sont libérés et relâchés dans notre environnement.

Le recyclage constitue un problème à part entière et présente des risques importants pour la santé et l’environnement. Rappelons que sur plus de 6 milliards de tonnes de plastique produites dans le monde depuis 1950, seulement 9% environ ont été recyclées. Lorsque les plastiques contiennent des monomères ou des additifs dangereux, ou lorsque les polymères plastiques se décomposent en composant dangereux, les matériaux recyclés seront contaminés. Une étude de 2019 nous apprend que 74% des produits de consommation courante, tels que des emballages alimentaires, fabriqués à partir de matières plastiques recyclées, contenaient des substances chimiques présentant un certain degré de toxicité. Un rapport de 2018 a montré que 25 % des jouets, accessoires pour cheveux et ustensiles de cuisine pour enfants achetés dans 19 pays européens avaient des taux élevés de brome, indiquant la présence probable d’ignifugeants bromés.

Des solutions aux problèmes des plastiques

Le rapport liste des solutions, afin de :

Protéger la santé et l’environnement

  • Aucune substance extrêmement préoccupante (SVHC) ne devrait
    pénétrer dans les produits de consommation ou les aliments.
  • Il est grand temps de lutter contre les additifs plastiques.
  • Au lieu de traiter les substances une par une, nous devons commencer
    à réglementer les substances de manière groupées. La réalité de notre exposition aux mélanges, qui est particulièrement pertinente lorsqu’il s’agit de
    matières plastiques, doit être prise en compte dans les évaluations et la
    réglementation des substances chimiques.
  • Les réglementations sur les matériaux recyclés devraient être les mêmes que
    pour les matériaux vierges.

ANTICIPER ET COMMUNIQUER

  • Appliquer les principes essentiels de l’UE tels que le principe de précaution en cas d’incertitudes scientifiques et le principe pollueur-payeur. Ne pas laisser des substances qui ne sont pas sûres entrer sur le marché.
  • Ne pas contaminer les générations futures : ne pas autoriser le recyclage des
    plastiques avec des additifs et des composants dangereux.
  • Une substitution sûre doit être anticipée et davantage mise en avant
    au cours des processus réglementaires afin d’éviter les remplacements
    regrettables, lorsqu’une substance ou un groupe de substances est restreint.
  • Une transparence totale sur le contenu chimique doit être assurée tout au
    long de la chaîne d’approvisionnement et envers les consommateurs.