Nouveaux résultats de l’étude ESTEBAN : l’exposition de la population française aux métaux généralisée!

Le 1er juillet dernier, Santé publique France (SPF) publiait les nouveaux résultats de l’étude de santé publique ESTEBAN, portant sur l’exposition de la population française, y compris des enfants à 27 métaux.

Pour la première fois, cette étude permet de décrire l’exposition à ces métaux dosés dans les urines chez les enfants vivants en France métropolitaine.

Pour rappel, l’étude ESTEBAN (Etude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition), menée entre 2014 et 2016, vise notamment à évaluer l’exposition de la population française à divers substances chimiques et métaux présents dans notre environnement et pouvant entraîner des conséquences néfastes sur la santé. L’étude porte sur un échantillon représentatif de la population générale composée de 2 503 adultes et 1 104 enfants, âgés de 6 à 74 ans. Elle s’appuie sur des prélèvements biologiques (urines, cheveux et sang), ainsi que sur un questionnaire consacré aux habitudes de vie et d’alimentation. Conçue pour être répétée tous les 7 ans, cette enquête permet de recueillir des données sur le long terme, d’effectuer un suivi de l’exposition de la population et d’identifier les principales sources d’exposition.

Retrouvez les résultats détaillés du premier volet de l’étude ESTEBAN sur six familles de polluants chimiques présents dans l’environnement domestique.

Une exposition aux métaux généralisée

Ce deuxième volet de l’étude de biosurveillance porte sur l’exposition aux métaux, tels que le mercure, le chrome, le cadmium, l’arsenic, le cuivre, le nickel. Ces métaux naturellement présents dans l’environnement « peuvent être à l’origine de l’apparition de maladies chroniques, de déficience immunitaire ou en encore de cancers » comme le rappel SPF.

Selon les résultats de l’étude, l’exposition de la population à ces métaux concerne l’ensemble des participants adultes et enfants.

Plus en détail :

  • 97% à 100% de la quasi-totalité des métaux ont été détectés chez l’ensemble des participants ;
  • 100% des enfants présentent une contamination au plomb, au cadmium, à l’arsenic ou à l’antimoine ;
  • Des dépassements des seuils sanitaires ont été observés pour l’arsenic, le mercure, le plomb et en particulier le cadmium ;
  • Les niveaux d’arsenic, de cadmium et de chrome mesurés chez les adultes étaient plus élevés que ceux mesurés dans l’Etude nationale nutrition santé (étude ENNS) en 2006-2007 (seuls les niveaux mesurés pour le plomb avaient diminué depuis l’étude ENNS) ;
  • Les niveaux mesurés chez les adultes et les enfants étaient plus élevés que ceux retrouvés dans la plupart des pays d’Europe et d’Amérique du Nord, excepté pour le nickel et le cuivre.

Réduire l’exposition à certains métaux à la source

Selon les métaux, les sources de contamination diffèrent. L’exposition peut provenir de l’alimentation, de la pollution par les pesticides et engrais, du lieu de vie, du tabagisme, etc.

Néanmoins, l’alimentation est l’une des principales sources d’exposition. En effet, les poissons et produits de mer ont tendance à contenir de l’arsenic, du chrome, du cadmium et du mercure. Les céréales et certains légumes du cadmium et du cuivre.

Parmi les autres sources d’expositions figure en première place le tabac qui augmente les concentrations en cadmium et en cuivre, mais aussi les implants médicaux qui contiennent du chrome et les plombages dentaires qui augmentent les concentrations en mercure urinaire.

SPF rappelle la nécessité de lutter contre le tabagisme, y compris le tabagisme passif afin de réduire l’exposition au cadmium. Enfin, il est important de diversifier les sources d’aliments, notamment concernant les poissons et produits de la mer. Malgré leurs qualités nutritionnelles indiscutables, il est recommandé de consommer deux fois par semaine du poisson, dont un poisson gras, et de diversifier les espèces et les lieux de pêche.

Focus sur le cadmium, présent chez 100% des adultes et des enfants ayant participé à l’étude.

Le cadmium est un toxique cumulatif. Le risque d’apparition d’effets néfastes pour la santé est lié à la dose qui s’accumule dans le temps. Il est présent dans notre environnement (eau, air, sols) à l’état naturel et du fait des activités industrielles et agricoles (épandages d’intrants).

Il a été classé par le Centre international de recherche sur le cancer en 2012 comme cancérogène avéré. Il est aussi classé comme mutagène et toxique pour la reproduction selon le règlement européen CLP. Par ailleurs, une fois absorbé par inhalation ou ingestion, il reste dans l’organisme pendant de nombreuses années en s’accumulant dans le foie. Il peut ainsi provoquer des troubles rénaux.

Une sur-imprégnation de la populations ayant participé à l’étude Esteban a été observée par rapport aux autres pays européens et nord-américains.

Selon SPF, « chez les enfants la consommation de céréales au petit-déjeuner augmentait les niveaux d’imprégnation par le cadmium » en raison principalement des engrais phosphatés riches en cadmium utilisés en agriculture conventionnelle et de la consommation quotidienne de ces céréales. Chez les adultes, la consommation de tabac entrainait une augmentation de plus de 50% chez les fumeurs et la consommation de coquillages et crustacés sont les principales sources d’exposition.

Source : https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2021/exposition-aux-metaux-de-la-population-francaise-resultats-de-l-etude-esteban