Dans quels produits du quotidien retrouvent-on les PFAS ?

Poêle anti-adhésive en Téflon, une marque déposée à base de PFAS

Il y a peu, nous vous détaillions une méthode de classification envisageable afin de prioriser la substitution des composés perfluorés (PFAS) en fonction de leur degré d’essentialité. En effet, au vu du nombre de molécules incluent dans cette famille (au moins 4700 !) et du nombre d’utilisations déjà identifiées (plus de 200 fonctions différentes), l’élimination des PFAS des objets du quotidien peut s’avérer compliquée. Néanmoins, cette démarche est absolument primordiale du fait de la persistance de ces « forever chemicals » et de leurs impacts sur la santé humaine et l’environnement, méconnus pour la plupart mais très inquiétants pour le peu de PFAS suffisamment étudiés.

Afin de mieux comprendre l’ampleur que représente l’utilisation des PFAS dans les produits du quotidien, nous allons ici détailler les principales fonctions que peuvent revêtir ces substances. Si certaines sont très spécifiques et peuvent être considérées comme essentielles (vêtements de protection professionnelle par exemple), les PFAS sont utilisés dans presque toutes les branches de l’industrie et dans une gamme de produits de consommation extrêmement large et variée.

Ainsi, une étude datant de la fin d’année 2020 a recensé plus de 200 utilisations différentes correspondant à plus de 1400 PFAS individuels. Elle montre également que dans plusieurs domaines où de grandes quantités de PFAS sont utilisées, aucun processus de recherche d’alternatives n’est semble t-il en cours. En général, ces dernières années, la recherche de solutions de remplacement s’est concentrée sur les mousses anti-incendie, les papiers et emballages et les textiles. Cela s’explique probablement par le fait qu’il s’agit d’utilisations en contact direct avec l’environnement ou avec l’Homme.

Cependant, les résultats montrent que les PFAS sont également largement utilisés dans la production d’électronique, de plastique et de caoutchouc et dans les peintures et revêtements. D’autres catégories n’ont pas encore fait l’objet d’une grande attention en ce qui concerne la recherche d’alternatives. Il s’agit notamment des produits de soins personnels et des cosmétiques, des pesticides, des produits pharmaceutiques (y compris les gouttes pour les yeux), des encres d’imprimerie et des mastics et adhésifs.

Afin d’illustrer la diversité des produits dans lesquels des PFAS sont susceptibles d’être retrouvés, voici une liste non exhaustive des utilisations identifiées :

  • Additif du ciment
  • Isolation de câbles et fils
  • Batteries diverses
  • Production de plastique et de caoutchouc
  • Production de textile
  • Gazon artificiel
  • Conservation des livres
  • Lubrifiants pour vélos
  • Cordes à grimper
  • Lentilles de contact
  • Cosmétiques divers
  • Lignes de pêche
  • Revêtements des cordes de guitare et touches de piano
  • Désinfectants pour les mains
  • Téléphones mobiles
  • Pesticides utilisés pour lutter contre les moustiques
  • Toner et encre d’impression
  • Assainissement des sols

Certains de ces exemples sont d’ailleurs plus révélateurs que d’autres. Citons les téléphones portables qui peuvent contenir plusieurs éléments constitués de PFAS : des fils isolés au fluoropolymère, des PFAS dans les circuits imprimés et un écran recouvert d’un fluoropolymère.

Autre cas intéressant, les lubrifiants pour vélo contenant des PFAS et commercialisé en tant qu’additif à haute performance. L’avantage fournit par l’ajout de PFAS s’avère marginal mais comme le fait d’avoir du PTFE sur l’étiquette est considéré comme positif par les consommateurs, c’est un argument de vente quasiment indispensable. Voulons-nous vraiment prendre un risque pour une promesse trompeuse de hautes performances ?

La recherche de solutions de remplacement est donc une tâche difficile et de grande envergure, et elle est importante dans toutes les catégories d’utilisation. Le fait de considérer toutes les utilisations des PFAS comme « non essentielles », à moins que les producteurs ou les utilisateurs ne fassent valoir de manière convaincante leur caractère essentiel, pourrait favoriser le développement d’alternatives et nous aider à réduire la production et l’utilisation de ces « produits chimiques éternels » nocifs.

Source :

Juliane Gluge, Martin Scheringer, Ian T. Cousins, Jamie C. DeWitt, Gretta Goldenman, Dorte Herzke, Rainer Lohmann, Carla A. Ng, Xenia Trieri and Zhanyun Wang. An overview of the uses of per- and polyfluoroalkyl substances (PFAS). Environ. Sci.: Processes Impacts, 2020, 22, 2345.